Dans mes créations, l’histoire naît des formes, des textures, et des couleurs. Rien n’est planifié, tout se construit au fil des inspirations que la toile me souffle. Mon tableau Pierre et le Loup réinventé est une parfaite illustration de cette démarche spontanée, où chaque élément trouve sa place dans un récit qui évolue en continu.
Une forêt enchantée prend vie
Au départ, ce ne sont que des taches de couleur et des traces abstraites sur la toile.
Mais bientôt, elles se transforment : ici un nid, là une forme animale, ailleurs un fragment de lumière.
Chaque détail inspire un rôle.
En zoomant sur ma première ébauche de personnage, on voit la mise en place du loup, le lac avec la petite barque, les poussins sont là, la branche n'est pas encore formée, ni l'arbre qui tient la branche, une tête de canard à bascule va disparaître au profit de la branche, parce que je ne pouvais pas effacer ce nid qui est par hasard sur les fesses du loup. Ce choix , presque enfantin, donne au tableau une note d’humour et une légèreté qui contraste avec le loup de Prokoviev.
Je ferai disparaître l'oiseau sous le petit karateka qui ne sait pas encore que la force est avec lui.
Maintenant zoomons sur la partie droite. J'essaie de mettre une corde dans la main de Pierre, mais je sens que ce n'est pas concluant.
Pierre et le loup se tournent le dos!
Le canard est en place.
Le petit ami oiseau de Pierre aussi.
Le martin pêcheur est suggéré, le chat ,patte de velours, à ses cotés.
Au dessus un écureuil qui n'apporte rien, que j'efface sans regrets.
La silhouette du paon est là, le grand père chasseur et son fusil aussi.
Le chat tout là haut surveille déjà la barque en attendant le loup.
Quand la magie opère
Confrontée à la difficulté de représenter Pierre attrapant le loup avec une corde, j’ai opté pour un mélange d’univers : Pierre devient un jeune magicien, armé d’une baguette qui le relie à l’imaginaire d’Harry Potter. La lumière tourbillonne autour de lui, tandis que sa magie se déploie pour protéger les animaux, mais aussi le loup.
Les éléments du tableau trouvent alors naturellement leur rôle :
Le martin-pêcheur s'imbibe d'une odeur magique. Les tâches bleues, qui vont vers le lac, représentent le circuit emprunté par celui-ci. Il guide le loup hypnotisé vers le lac. Où il pourra trouver la paix sans nuire à cet endroit magique.
Le paon, majestueux, devient un ventilateur magique, propageant le parfum envoûtant vers le lac.
L’oiseau karatéka, minuscule mais courageux, tente de chasser le loup avec une détermination comique.
L’oiseau rose, à bout de forces, éternue bruyamment, allergique à toute cette magie environnante.
Quant au chat, intrigué mais dépassé par les événements, il décide de suivre le loup, plus par curiosité et survie que par malice.
Je ne pouvais pas laisser le Grand-Père de Pierre brandir un fusil dans mon univers. Tous mes personnages sont touchés par la magie, et lui aussi méritait sa métamorphose. Sous mes pinceaux, son arme s'est transformée en un bouquet de fleurs de genêt, vibrant de vie et d'espoir, comme si la terre elle-même avait choisi de fleurir entre ses mains.
Le conte musical de mon enfance, Pierre et le Loup, m’a laissée son empreinte. Mais un loup au zoo et un canard dans son ventre ? Cela ne convenait pas à mon univers. Dans mes tableaux, la poésie s’invite, et la violence s’efface pour laisser place à l’harmonie. Mon conte, encore silencieux, est une ode à l’humour, à la tendresse, et à la magie de l’enchantement.
Un récit en calligramme
Pour compléter cette œuvre, je m’amuse à faire dialoguer mes personnages à travers un calligramme. Les formes des mots dansent sur la toile, comme une extension poétique de l’histoire visuelle.
Un tableau, une histoire vivante
Pour moi, Pierre et le Loup n’est pas qu’un tableau. C’est une histoire vivante qui continue d’évoluer dans l’imaginaire de ceux qui la regardent. Les formes, les couleurs, et les personnages vous invitent à inventer votre propre récit.
Que vont devenir le Loup et le Chat, près du lac, loin d’ici ?
Et les oisillons nichés dans le cul du Loup, sous la garde du Grand-Duc, leur ange protecteur ?
L’Oiseau rose, si fatigué, va-t-il se remettre ?
Et l’Oiseau karatéka, donnera t-il des cours ?
Le Canard, quant à lui, s’entraîne-t-il déjà pour le marathon de Paris ?
Et le Grand-Père, son bouquet de genêt à la main, deviendra-t-il fleuriste ?
Pierre, ira-t-il à l’école des sorciers avec son ami, l’ambassadeur des petits oiseaux ?
Et le Paon, me direz vous… deviendra-t-il climatiseur ?
Et enfin, ne faudrait il pas trouver un musicien pour orchestrer l’histoire de ce tableau ?
Comments